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Les PME et ETI faces à la crise financière

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Avec  62 789 défaillances de TPE/PME par an en France, il est encore difficile d’affirmer que la crise est derrière nous. Les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ont été particulièrement touchées depuis 2008. Non seulement elles ont rencontré des difficultés pour financer leurs projets d’investissement, mais elles ont aussi dû faire face à une baisse des commandes, si bien que le nombre d’entreprises en difficulté est passé de 45 000 à 62 500 entre 2008 et 2014. Depuis 2008, les indicateurs de rentabilité se sont par ailleurs dégradés : le chiffre d’affaires moyen d’une PME a progressé de 9,6% et celui d’une ETI de 12,5%, pour une inflation à 9,8% sur la période. Pourtant ces entreprises résistent. Parce qu’elles représentent plus de 99% des sociétés françaises, et par-là même une source considérable d’emploi, d’innovation et de croissance, elles peuvent compter sur le soutien du gouvernement et sur un éventail toujours plus large de solutions de financements.

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La crise financière de 2008 et ses conséquences en France

Elle est aujourd’hui considérée comme la pire crise économique et financière depuis des décennies. La crise de 2008 a éclaté aux Etats-Unis lorsque des ménages surendettés et à faibles revenus se sont montrés dans l’incapacité de rembourser leurs échéances de crédit pour financer leur logement. Ces crédits étaient généralement consentis à des emprunteurs qui ne présentaient pas les garanties suffisantes pour bénéficier des taux d’intérêt préférentiels (en anglais « prime rate »). On leur accordait donc des crédits à des taux moins préférentiels (dits « subprime ») et variables. Or avec la décision de la Banque Centrale Américaine (la FED) de relever son taux directeur à partir de 2006, les charges financières des emprunts se sont considérablement alourdies, tandis que le prix de l’immobilier a chuté : un nombre croissant de ménages n’a pas pu faire face.
De leurs côtés, les banques ont commencé à enregistrer des pertes liées à ces défauts des épargnants. Et comme elles avaient eu recours à des techniques financières complexes permettant de vendre une partie de leurs créances immobilières à d’autres banques, y compris à des banques européennes, c’est l’ensemble du système bancaire et financier mondial qui a été affecté. La faillite de Lehman Brothers en 2008, que l’Etat américain a refusé de renflouer, a de son côté entraîné une chute de la bourse américaine puis plus tard de toutes les bourses mondiales, provoquant une crise financière puis une récession mondiale.

Lehman Brothers

En France, cela s’est notamment traduit par une baisse de la croissance, une augmentation du taux de chômage, une dégradation des finances publiques, une explosion de la dette publique et une accélération des défaillances d’entreprises. C’est dans ce contexte assombri que les PME et les ETI ont continué à chercher des financements pour assurer leur développement.

Le financement bancaire des PME après la crise

PMELes PME sont des entreprises qui emploient moins de 250 personnes, et qui ont un chiffre d’affaires annuel inférieur à 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros. Cette catégorie regroupe un peu moins de trois millions d’entreprises pour un peu plus de 50% des effectifs salariés.
Comme l’explique ce rapport de l’OCDE, elles sont particulièrement vulnérables en période de crise pour un certain nombre de raisons : il leur est difficile de réduire leur taille puisqu’elles sont déjà petites ; elles sont moins diversifiées du point de vue de leurs activités économiques ; et leur structure financière est moins solide (capitalisation plus faible).
Les PME sont par ailleurs fortement tributaires du crédit pour financer leurs projets d’investissement et se développer. Or avec la crise, les établissements financiers ont réduit leur exposition au risque en réduisant l’offre de crédits ou en restreignant son accès. Selon la Banque de France, le taux de croissance annuel de l’encours de crédits aux entreprises a sensiblement diminué jusqu’en 2012, voire est devenu négatif pour certaines catégories d’entreprises. Mais les PME ont été relativement épargnées.
L’Observatoire du financement des entreprises a en effet pu constater que les encours de crédit aux PME indépendantes n’ont jamais reculé pendant la crise
, s’inscrivant même en hausse de 2,1% à la fin 2009.
Toujours selon ce rapport, deux éléments expliquent ce bon financement bancaire des PME :
– une substitution des sources de financement pour les grands groupes au profit du financement par les marchés. En cumulant endettement bancaire et endettement de marché, le financement de l’ensemble des entreprises est tout de même resté en croissance pendant la crise ;
– de nombreuses mesures de soutien public au financement bancaire des entreprises pendant la crise, particulièrement orientées vers les PME et les ETI.

L’Etat au secours des PME

Pour venir en aide aux PME, l’Etat a développé des outils publics (gérés par Bpifrance depuis 2012), mis en place des mesures financières (soutien aux banques, enveloppes de garanties, Médiation du Crédit) et mobilisé plusieurs dispositifs fiscaux. Parmi eux on retiendra la réduction d’impôt sur le revenu en cas d’investissement direct au capital d’une PME mais aussi et surtout le CICE, le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi .
Le CICE et son préfinancement par Bpifrance ont été considérés comme la bouée de sauvetage d’un grand nombre d’entreprises en difficulté. Ce crédit est en fait un avantage fiscal accordé aux entreprises qui équivaut à une baisse de leurs charges sociales. La trésorerie ainsi débloquée doit permettre aux entreprises de financer les dépenses d’investissement, de recherche, d’innovation, de formation, de recrutement, de prospection de nouveaux marchés, de transition écologique ou énergétique et de reconstitution de leur fonds de roulement. Selon une étude de l’association de cabinets d’audit et d’expertise comptable ATH, les sociétés de 10 à 250 salariés ont enregistré à cette époque une hausse de leur excédent brut d’exploitation (+ 2,7% en moyenne), mais aussi de leur résultat d’exploitation (+ 4,1%), de leur résultat net (+ 2,6%) et de leur capacité d’autofinancement (+ 8,8%).

Le recours au CICE a continué d’augmenter entre 2013 et 2014 mais un ralentissement a pu être constaté à partir de 2015, Bpifrance se montrant plus rigide dans sa politique d’octroi de préfinancement .
Aujourd’hui encore, la bonne santé financière des PME reste malgré tout l’une des priorités du gouvernement. Le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, a récemment annoncé une série de mesures visant à sanctionner les mauvais payeurs et dissuader les retards de paiement qui nuisent aux PME et génèrent des déficits.

Financez des PME françaises  
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Les ETI face à la crise

Les entreprises de taille intermédiaire ont entre 250 et 4 999 salariés et un chiffre d’affaires n’excédant pas 1,5 milliards d’euros, ou bien un total de bilan n’excédant pas 2 milliards d’euros.financement bancaire
Même si elles ont réussi à maintenir un niveau de capitaux propres et de trésorerie satisfaisant malgré un contexte difficile, les ETI semblent moins bien résister à la crise que les PME . Selon une étude réalisée par ATH, un quart d’entre elles était en perte d’exploitation l’an dernier, contre 19% des PME et leur rentabilité se détériore chaque année depuis 2010.

Cette fragilisation s’expliquerait notamment par le fait que les ETI bénéficient moins du CICE que les PME, leur masse salariale étant moins composée de salaires éligibles à cette mesure que celle des PME.

Les solutions de financement diversifiées pour PME et ETI

Pour leur financement, PME et ETI ne peuvent plus se reposer uniquement sur le crédit bancaire et les aides de l’Etat. On assiste donc au développement de nouvelles sources de financement :
le marché obligataire high yield : il concerne les obligations de notation inférieure à BBB- et s’adresse principalement aux ETI avec une expérience des marchés et des besoins de fonds supérieurs à 100 millions d’euros.
les placements privés via la plateforme EuroPP : il s’agit d’un marché ouvert aux PME et aux ETI ayant besoin de financement à long terme et sans accès au marché obligataire. Les montants sont généralement supérieurs à 10 millions d’euros.
les émissions d’obligations mutualisés : depuis juillet 2012, Euronext propose aux PME et ETI, cotées ou non, de se financer par l’IBO (Initial Bond Opening). Son utilisation est encore marginale mais appelée à une forte croissance.
– la titrisation des créances des PME : elle consiste à céder à un SPV (Special Purpose Vehicule ou Fond Commun de Créances) un portefeuille homogène de prêts de PME.
le financement participatif (crowdfunding) : il est en plein essor. Il s’adresse à tous types d’entreprises, de l’amorçage (crowdfunding equity) au développement (crowdlending par prêts rémunérés). Il peut se traduire aussi bien par de l’émission de dette qu’une augmentation de capital.

Quelques exemples de réussites : la part belle aux entreprises innovantes et exportatrices

Plusieurs entreprises font aujourd’hui figures d’exemples. Touchées par la crise, elles ont su rebondir et changer leur stratégie.
Certaines ont misé sur une stratégie d’expansion avec le lancement de nouveaux produits, la conquête de nouveaux marchés-clients, l’innovation et l’internationalisation. Au cours de ces dernières années, Automotor France par exemple a su renforcer sa position d’exportateur spécialisé dans la pièce automobile. Présent en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, il fait partie du top 100 des PME et ETI françaises à l’international en 2015.automotor
La société Charles et Alice de son côté ne s’est pas contentée de rester sur le traditionnel secteur des compotes, elle a développé une nouvelle ligne de production dévolue entièrement à la fabrication de mousses de fruits ce qui permet à l’entreprise spécialiste de la transformation des fruits de prendre position sur un compartiment de marché à fort potentiel puisqu’il a progressé de 7.4%.
D’autres entreprises ont privilégié une stratégie de recentrage sur les segments d’activité rentables. D’autres encore ont fait le choix de la diversification des marchés et du développement de produits pour compenser parfois la perte ou le déclin d’un marché important.
Enfin certaines ont modifié leur mode de management à l’instar de TalkSpirit, une société spécialisée dans la transformation numérique des entreprises. Créée il y a une dizaine d’années, elle a adopté en 2014 un mode de fonctionnement holacratique et fonctionne donc désormais sans hiérarchie et sans liens de subordination. Un choix qui selon l’un de ses fondateurs a renforcé l’autonomie, l’agilité et la capacité d’innovation de ses collaborateurs.
Face au défaitisme ambiant, Bpifrance a également réalisé une étude il y a quelques mois qui recense 32 PMI et ETI manufacturières ayant su réagir face à la crise en se dotant d’une vision stratégique à moyen terme.

Vers une sortie de crise ?

La reprise est lente mais elle est sûre, c’est le message rassurant transmis mardi 24 novembre par l’assureur-crédit Coface (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur), qui présentait un rapport sur la santé des entreprises françaises. Selon lui, la consommation des ménages augmente légèrement dans un contexte d’inflation quasi-nulle, et en dépit d’un taux de chômage toujours haut. L’investissement des entreprises progresse, « mais à un rythme moins rapide que chez la plupart de nos voisins et que celui observé historiquement en phase de reprise économique ». La baisse du prix du pétrole et les mesures gouvernementales, comme le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), « ne sont pas étrangers à la restauration des marges des entreprises ». Enfin les défaillances d’entreprises sont désormais en baisse depuis trois semestres consécutifs. Autant de signes encourageants qui pourraient être suffisants pour convaincre les banques et les entreprises que la crise est désormais de l’histoire ancienne.


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