
Les Fintech parisiennes peuvent certainement se réjouir de l’opportunité que représente le Brexit. Londres, première place financière européenne, a déjà perdu du terrain, ce qui pourrait profiter à Paris. En économie, le malheur des uns fait-il le bonheur des autres ? Quelles seront les conséquences du Brexit pour les entreprises françaises, et en quoi cet évènement pourrait constituer une opportunité unique pour Paris ? La ville lumières saura-t-elle mieux se positionner que les autres places comme Luxembourg, Berlin ou Zurich ?
Brexit : quelles conséquences pour les Fintech européennes ?
La sortie de l’Union Européenne, on le sait grâce aux nombreuses analysées délivrées par les experts économiques anglais durant le débat politique qui a duré plusieurs mois, constitue un risque majeur pour l’économie d’un pays. C’est pourquoi le Brexit était redouté par une grande majorité d’entreprises, et en particulier par les plus jeunes et dynamiques d’entre elles. Selon une étude, près de 80% de la Fintech londonienne craignait de lourdes conséquences sur leur activité en cas de Brexit.
Si l’écosystème de la Fintech est susceptible d’être bouleversé par le résultat du référendum, leurs craintes sont accompagnées de celles des grandes banques britanniques. A cause des conséquences financières d’une sortie européenne, un certain nombre d’entre elles vont jusqu’à envisager une délocalisation de leurs activités vers la zone euro. Ce déplacement pourrait même intégrer leur réglementation et leur stratégie d’acquisition, ce qui aurait pour conséquence l’ouverture de nouvelles filiales sur le continent, et donc un possible exode des cerveaux britanniques. D’autant plus que l’intérêt de l’appartenance à un marché international avait également des avantages humains, puisque la majorité des start up anglaises dans le domaine des Fintech ont été créées par des non britanniques. Si le pays adopte une nouvelle législation relative à l’immigration, leur présence sur le territoire risque d’être fort compromis, sans compter sur leur envie de rester dans un pays qui pourrait leur indiquer la porte de sortie alors qu’ils auront contribué à son rayonnement économique. Mais le principal défi pour les Fintech londoniennes serait surtout législatif et structurel, à une échelle globale et non seulement personnelle.
En effet, sortir de l’Europe sera synonyme, pour les start up anglaises, de complication, aussi bien au niveau financier que réglementaire. En tant que pays extérieur au marché européenne, le Royaume-Uni va devoir obliger ses entreprises à se plier à de nouvelles règles, à potentiellement ouvrir de nouveaux sièges sociaux et filiales sur le continent pour continuer à y développer leurs activités, à négocier de nouveaux contrats, mais également à réaliser de nombreux investissements. La facilité relative permise par l’adhésion au modèle européen va disparaître et ainsi freiner l’activité économique. Car au-delà des conséquences financières et légales directes, le poids de l’instabilité et de l’incertitude comptent beaucoup pour la solidité d’une place financière.
Autant de conséquences que Londres, la première place financière du Vieux Continent, pourrait subir au point de perdre du terrain face à ses concurrents européens dont Paris.
Le Brexit : une opportunité pour Paris ?
Face aux déboires de la place londonienne, les autres bourses européennes pourraient ainsi tirer leur épingle du jeu, et en particulier Paris. Mais pourquoi la capitale française tirerait-elle plus davantage du Brexit que Berlin ou Bruxelles ?
La raison principale est la situation avantageuse de Paris sur le marché européen. En avance sur les financements de marchés, la régulation française est plus intéressante pour la Fintech, en particulier si la londonienne souhaite s’exporter. Grâce à ses atouts, Paris pourrait donc attirer un certain nombre des jeunes pousses prometteuses du Royaume-Uni et ainsi profiter d’une belle opportunité pour gagner en importance, et pourquoi pas devenir une place de premier plan. Cette hypothèse n’est pas purement spéculative, puisqu’on voit déjà la Fintech française à l’œuvre : l’association France FinTech a ainsi d’ores et déjà lancé une campagne de recrutement à destination… des britanniques.
Conscient de cette porte ouverte, le gouvernement français a ainsi souligné la nécessité pour Paris de profiter de l’occasion offerte par cet évènement, à travers la voix de son ministre des Finances Michel Sapin. Ce dernier a ainsi déclaré souhaiter que Paris devienne « la place de référence de la zone euro » dans le domaine de « la finance dite intelligente », plaçant ainsi la possibilité d’une City française du côté du social et de l’investissement vert. Pour cela, Paris devra offrir des infrastructures performantes aux entreprises susceptibles de créer de l’activité financière et de concrétiser des initiatives technologiques dans ce domaines. Paris, nouvel Eldorado du crowdlending ?
Le crowdlending français, un tremplin pour Paris ?
Puisque les Fintech londoniennes vont devoir s’adapter à une situation politique, économique et financière inédite dans les prochaines années, l’instabilité qui règne dans les esprits est sans conteste un désavantage pour le Royaume-Uni. Si elles souhaitent continuer à bénéficier des investissements européens, elles devront donc migrer une partie ou la totalité de leurs activités. Cependant, cette hypothèse, même si elle est la plus probable à ce stade, n’est pas la seule envisageable.
En effet, il est également possible que les start up britanniques se consolident et résistent donc à la pression française. Les Fintech françaises, dont celles qui opèrent dans le financement participatif (ou « crowdlending« ), pourraient être sérieusement mises à l’épreuve. Toutefois, elles auront comme avantage de profiter de leur appartenance à l’Union Européenne, contrairement à leurs homologues britanniques.
Le plus probable, à l’heure actuelle, reste le cas d’un crowdlending français renforcé par le Brexit. En effet, face à l’instabilité politique anglaise, les 500 000 investisseurs potentiels présents en Europe devraient davantage se tourner vers les initiatives françaises pour investir leurs fonds, d’autant plus que la France voit naitre de nombreuses start up tournées vers les technologies vertes et intelligentes.

La fintech qui fait fructifier votre épargne
Ainsi, le Brexit risque d’être un véritable frein pour les Fintech londoniennes et britanniques en général pour deux raisons principales. D’une part, de façon globale, l’instabilité du contexte politique, et donc économique et financier du Royaume-Uni crée un climat peu propice aux investissements. D’autre part, de façon plus précise pour le domaine des technologies intelligentes, les nouvelles règlementations imposées par la sortie de l’Union Européenne, la nécessité de s’exporter et la concurrence de Paris dans le secteur apparaissent comme autant de défis à relever pour Londres.
C’est pourquoi Paris pourrait bien tirer son épingle du jeu et faire du Brexit une opportunité unique et inédite de devenir la première place financière d’Europe, grâce aux FinTech. Les atouts français sont nombreux dans ce domaine, les initiatives sont nombreuses et récoltent des sommes croissantes grâce notamment au crowdlending.
Lors de la conférence : « La France peut elle devenir un hub européen de la Fintech » du 27 juin 2016. beaucoup se sont accordés a dire que la France n’a rien a envier à ses voisins, Cyril Zimmerman, fondateur du groupe français Hi Média qui s’est développé en France et à l’international, reconnaît que la France est un « terrain fertile en termes de formation et de compétences. Pour preuve, les banquiers français s’exportent très bien ». L’AMF confiante à même créé la FIC ( Fintech, Innovation et compétitivité) avec pour objectif d’analyser les innovations en cours dans le secteur des services d’investissement, et d’identifier les enjeux en matière de compétitivité et de régulation.
Paris saura-t-elle tirer avantage de cette opportunité pour renforcer sa place de leader en matière de finance intelligente et d’innovations technologiques ? L’avenir seul le dira, car comme l’issue de référendum anglais nous l’a prouvé, les estimations et probabilités ne sont pas des sciences exactes.
« En y regardant de près, Paris et Londres comptent un nombre équivalent de fintechs », constate Joëlle Durieux, DG du Pôle Finance.